Entorse de cheville

Les entorses de cheville sont les blessures sportives les plus courantes. Il s'agit d'une lésion des ligaments dont la fonction est de maintenir les os ensemble et de prévenir les mouvements extrêmes des articulations. L'entorse de cheville est provoquée par une trop forte inclinaison de la cheville dans un certain sens, endommageant ou déchirant complètement les ligaments de la cheville. Dans la plupart des cas, la lésion se présente du côté extérieur de la cheville.

La plupart des patients peuvent reprendre leurs activités normales dans les quatre à huit semaines qui suivent le traumatisme. Chez une grande partie des patients, nous constatons toutefois une gêne persistante sur une longue période impactant la vie quotidienne. La gêne peut en effet persister plusieurs mois, voire un an. Une bonne prise en charge est dès lors primordiale.

Différents degrés de gravité
La distinction n'est pas toujours simple. Plus la gêne est importante, plus la lésion est grave.

• Degré 1 = entorse légère
  Douleur légère, mobilité et fonction normales. Vous marchez encore normalement.
• Degré 2 = entorse modérée
  Douleur et gonflement modérés, mobilité réduite. Vous ne parvenez plus à marcher normalement, vous boitez.
• Degré 3 = entorse sévère
  Douleur et gonflement intenses, mobilité clairement réduite, prendre appui sur la cheville n'est quasi plus possible.

Dans certains cas, un fragment osseux peut aussi se détacher, généralement à l'endroit où le ligament est fixé à l'os. Ce symptôme indique une lésion plus sévère.

Dans d'autres cas, les ligaments sont également endommagés du côté intérieur de la cheville. Ce symptôme aussi indique une lésion plus sévère.

Les entorses de cheville peuvent se présenter au cours d'une activité quotidienne normale, mais sont souvent provoquées par une activité sportive.

• Un faux pas sur une surface inégale ;
• Une chute ;
• Un duel acharné, un mauvais atterrissage après un saut ou une mauvaise chute lors d'une activité sportive comme le football, le volleyball...

Facteurs pouvant augmenter le risque d'entorse de cheville :

• Entorses de cheville antérieures dont le rétablissement est incomplet ;
• Faiblesse musculaire autour de la cheville ;
• Position inclinée de l'arrière-pied (souvent héréditaire) ;
• Activités (travail, sport, temps libre) sur une surface inégale.

Respectez le processus de guérison !

Immédiatement après le traumatisme et dans la phase aigüe, vous avez besoin de PEACE : Protection, Elevation, Avoid anti-inflammatoires, Compression et Education.

• Protection (Protection) : les premiers jours, protégez la cheville des activités et des mouvements douloureux. Si les mouvements sont douloureux, une période d'immobilisation est particulièrement indiquée. Si prendre appui est douloureux, des béquilles s'imposent. Une courte période d'immobilisation (par un plâtre) peut certainement être envisagée dans ces deux cas. 
• Elevation (Surélévation) : surélever la cheville contribue à l'atténuation de la douleur et du gonflement. Maintenez la cheville le plus possible au-dessus du niveau du cœur. Maintenir la jambe en position horizontale n'est donc pas assez. Marcher fréquemment (même avec des béquilles) ne contribue pas non plus au rétablissement.
• Avoid anti-inflammatories (Éviter les antiinflammatoires) : la littérature actuelle déconseille de plus en plus l'application de glace et la prise d'antiinflammatoires qui pourraient temporairement réduire les douleurs, mais ralentiraient aussi le rétablissement. 
• Compression (Compression) : la pose d'un bandage contribue à l'atténuation du gonflement. Le gonflement exerce une pression supplémentaire sur les tissus endommagés et doit dès lors être limité au maximum. 
• Education (éducation) : respectez le processus de guérison. La douleur vous avertit que vous devez freiner la cadence. Si les explications sont trop peu fournies, vous pourriez avoir tendance à moins respecter les conseils ci-dessus, ralentissant le processus de guérison. 

Dans la phase suivante, vous avez besoin de LOVE : Load, Optimism, Vascularisation et Exercise.

• Load (Sollicitation) : pour améliorer le rétablissement, il est indiqué de solliciter la cheville de manière croissante. Reprenez donc progressivement vos activités normales. Laissez-vous guider par la douleur ; votre organisme vous dit quand il est utile d'intensifier la sollicitation.
• Optimism (Optimisme) : entrainez votre esprit à rester positif et à faire confiance à un rétablissement optimal.
• Vascularisation (Vascularisation) : optez pour des activités cardiovasculaires sans douleur pour améliorer la circulation sanguine vers les tissus endommagés. Le vélo est très utile à ce sujet.
• Exercise (Exercices physiques) : rétablissez votre mobilité, puissance et conscience du corps en adoptant une approche active en vue d'un rétablissement optimal. Nous conseillons fortement les exercices de stabilisation. Évitez toute douleur pour permettre un rétablissement optimal. Les thérapies passives comme l'électrostimulation et les massages n'offrent aucune plus-value. 

La transition vers cette phase ne dépend pas du temps écoulé, mais de l'évolution du processus de guérison. Si la première phase n'est pas concluante, vous n'avez aucun intérêt à passer à la seconde. Un accompagnement kinésithérapeutique peut être très utile dans cette phase.

La plupart des entorses se rétablissent sans traitement chirurgical.

La durée du rétablissement après une entorse de cheville variant fortement, il est difficile de faire des pronostics :

• après 3 mois, environ 50 % des patients ont encore une gêne ; 
• après 6 mois, ce nombre est réduit 25 % ;
• après 1 an, 10 % des patients ont encore une gêne.

Une entorse sévère, fracture par avulsion (arrachement de l'os là où le tendon est fixé) et une prise en charge médiocre sont les causes principales d'un rétablissement moins prompt. Une entorse de cheville peut évoluer jusqu'à un an après le traumatisme. 

• Si la gêne persiste, il est utile de découvrir si l'entorse continue à évoluer.
• Si l'entorse s'atténue progressivement, un peu plus de patience encore est souvent assez. Évitez la sursollicitation. La kinésithérapie et une attelle de cheville peuvent être très indiquées.
• Si la gêne ne s'atténue pas, elle indique souvent un processus de guérison sans évolution. Une période de repos et de protection supplémentaires est alors à prendre en considération. Des béquilles, une incapacité de travail ou une immobilisation peuvent s'avérer nécessaires. En cas de gêne importante, considérez un contrôle par un médecin qui pourra également évaluer l'éventuelle présence d'autres lésions.

Un petit groupe de patients récidive malgré un traitement adéquat, les entorses se multiplient. Dans ce cas, nous parlons d'une instabilité de la cheville.