Traitement stéréotaxique de la prostate

Après la concertation oncologique multidisciplinaire (COM) avec l’urologue, le radiothérapeute, l’oncologue et les autres médecins spécialistes, votre médecin traitant vous réfèrera pour une radiothérapie. 

Le radiothérapeute analysera vos données et décidera de la technique d’irradiation et du nombre de séances. Dans un deuxième temps, le médecin vous communiquera les détails sur les préparations (pose des marqueurs métalliques et simulation), le déroulement du traitement et les possibles effets secondaires. 

Après la consultation, un membre du personnel infirmier fixera une date et une heure pour les préparations (pose des marqueurs métalliques et simulation) et les séances d’irradiation. 

Pour vous préparer à la radiothérapie, nous devons poser des marqueurs métalliques dans la prostate. Ils sont utilisés pour contrôler la position de la prostate pendant la radiothérapie.

L’urologue en positionnera quatre dans la prostate à l’aide de deux aiguilles. Les marqueurs métalliques ont la taille d’un grain de riz et ne sont pas radioactifs. La pose des marqueurs entraine une faible risque d’inflammation de la prostate que nous tentons d’éviter à l’aide d’antibiotiques préventifs. Si vous prenez des anticoagulants, parlez-en au médecin traitant. Au besoin, vous devrez les arrêter un instant. 

Environ une à deux semaines après la pose des marqueurs métalliques, la deuxième préparation, c’est-à-dire la simulation aura lieu. 
Normalement, trois gestes sont prévus ce jour-là : préparation vésicale et intestinale, fabrication du masque et TDM (également appelé scan CT), et RM de la prostate. 

1. Préparation vésicale et intestinale

Le jour de la simulation, nous procèderons d’abord à la préparation vésicale et intestinale. La prostate se situant sous la vessie et devant le rectum, les positions de la prostate et des vésicules séminales peuvent varier de jour en jour à cause des selles et urines dans ces organes. Il est dès lors important de limiter au maximum cette variation afin d’irradier correctement la prostate tout en épargnant au maximum la vessie et le rectum.  

• Le jour de la simulation, présentez-vous à l’heure convenue au service de radiothérapie. Vous ne devez pas être à jeun.
• Un membre du personnel infirmier procèdera à un lavement. 
• Rendez-vous aux toilettes pour aller à la selle et entièrement vider votre vessie.
• Une demi-heure plus tard, vous recevrez deux verres d’eau plate (2 x 200 ml) à boire d’une traite. 
• Patientez une heure. Vous ne pouvez ni boire ni uriner pendant ce délai d’attente. 

Finalement, nous procèderons à la fabrication du masque et la réalisation d’une TDM. 
 

2. Fabrication masque et réalisation TDM

Nous fabriquons un masque corporel qui permet d’immobiliser une partie du corps pendant la radiothérapie. Nous le réchauffons avant de la poser sur le bas de l’abdomen. Le refroidissement fait durcir le matériau qui épousera la forme de votre corps. La fabrication du masque dure environ vingt minutes. Par après, nous réalisons une TDM (également appelée CT scan) de la région pelvienne sans administrer d’agent de contraste. Après la TDM, nous dessinons quelques lignes de référence à l’aide d’un colorant et tatouons une série de points sur le corps pour pouvoir vous installer dans la même position lors des séances d’irradiation. 

3. RM prostate
Finalement, le service de radiologie réalise une RM de la prostate. Cette imagerie donne des informations très précises sur la prostate. 

Entre la simulation et la première séance d’irradiation, votre médecin indiquera la prostate et les organes voisins sur les images CT à l’aide de la RM. Il procèdera également au calcul d’un planning de modulation d’intensité. La prostate bénéficiera de suffisamment d’irradiations, alors que les organes voisins et sains seront épargnés au maximum afin de prévenir le plus possible les effets secondaires. L’équipe le composant spécialement pour vous, chaque plan d’irradiation est unique.

• Avant chaque séance d’irradiation, effectuez la même préparation que celle administrée pendant la simulation :

• Utilisez le lavement Microlax® 1,5 heure avant votre séance. Voir notice Microlax® pour plus de détails.

  • Rendez-vous aux toilettes pour aller à la selle et entièrement vider votre vessie.

  • Buvez deux verres d’eau plate (2 x 200 ml) 1 heure avant la séance.

  • N’urinez plus et ne buvez plus rien jusqu’après la séance d’irradiation.

• Généralement, la première séance d’irradiation aura lieu 10 jours après la simulation. Présentez-vous à l’heure convenue dans la salle d’attente de l’appareil d’irradiation. Après vous être déshabillé, nous vous accompagnerons jusqu’à la salle de traitement. Nous vous installerons dans la même position que lors de la simulation. Le personnel infirmier quittera la salle avant d’enclencher l’appareil de radiothérapie. Il vous surveillera par caméra dans la salle de contrôle adjacente. 

• Pendant l’administration des irradiations, l’appareil et/ou la table bougeront. C’est nécessaire pour pouvoir traiter la prostate depuis différents angles et dans son intégralité. Le personnel infirmier déclenchera l’appareil de l’extérieur. Celui-ci s’arrêtera automatiquement une fois la dose prescrite administrée. 

• Pendant les séances d’irradiation, il est important de rester immobile et décontracté. Inspirez et expirez calmement.

• Pendant les séances, nous vérifierons régulièrement votre position pour garantir une irradiation correcte. Cette vérification est effectuée à l’aide de radios ou CBCT. L’imagerie de ces vérifications donne uniquement des renseignements sur votre position et celle des marqueurs métalliques et non sur l’état de la tumeur. 

• La totalité du traitement est répartie sur plusieurs jours. Si vous devez bénéficier de plusieurs séances, elles seront systématiquement interrompues de quelques jours. Nous en ferons part au préalable. 

Généralement, vous ne souffrirez pas directement des effets secondaires qui se présenteront plutôt au fil des séances ou ultérieurement. Les effets secondaires sont différents d’une personne à une autre, dépendent de la dose administrée et de la taille de la zone traitée. 

Pendant et après la radiothérapie, vous pourriez développer les symptômes suivants : 

Problèmes de miction 
Suite aux irradiations, les muqueuses de la vessie et de l’urètre s’irritent, pouvant provoquer les effets secondaires suivants : 

• Mictions plus fréquentes (surtout la nuit) ;
• Sensation brulante ou douleurs lors des mictions ;
• Un peu de sang dans les urines ;
• Débit urinaire moins puissant (en raison du gonflement de la prostate) ;
• Urgence dans les besoins d’uriner. 

Si vous présentez des symptômes sévères, votre médecin traitant peut vous prescrire des médicaments pour les atténuer. Ces effets secondaires peuvent encore se présenter, voire s’aggraver à l’issue de la radiothérapie. Ils s’atténueront progressivement par la suite. 

Il est possible que longtemps (mois ou années) après la radiothérapie, vous éprouviez des problèmes de miction : mictions plus fréquentes (surtout la nuit), urgence dans les besoins d’uriner. Les effets secondaires graves longtemps (mois ou années) après la radiothérapie sont possibles, mais rares.

Problèmes de défécation      
Suite aux irradiations, les muqueuses du rectum s’irritent, pouvant provoquer les effets secondaires suivants : 

• Selles plus fréquentes ;
• Douleurs lorsque vous allez à la selle ;
• Selles molles ;
• Fausse envie d’aller à la selle ;
• Sang ou muqueuses dans les selles.

Si vous présentez des symptômes sévères, votre médecin traitant peut vous prescrire des médicaments pour les atténuer. Ces effets secondaires peuvent encore se présenter, voire s’aggraver à l’issue de la radiothérapie. Ils s’atténueront progressivement par la suite.

Il est possible que longtemps (mois ou années) après la radiothérapie, vous éprouviez des problèmes de défécation : selles changeantes (surtout plus fréquentes), urgence pour aller à la selle et sang/muqueuses dans les selles. 

Fatigue 
N’irradiant généralement qu’une petite zone, ce symptôme est le plus souvent supportable. Si vous bénéficiez aussi d’une hormonothérapie, c’est souvent elle qui explique la sensation de fatigue. Mais les tensions et émotions concernant la maladie, les trajets quotidiens entre votre domicile et l’hôpital peuvent aussi être à l’origine de cette fatigue. En adaptant votre rythme de vie, consommant une alimentation saine et buvant beaucoup d’eau, vous pouvez limiter ce symptôme. Essayez de garder le plus possible d’activités quotidiennes, mais faites-les à un rythme plus lent. 

Sexualité alternée
Suite à l’irritation de l’urètre, l’orgasme pourrait être douloureux et peu agréable. Les érections ne seront toutefois pas impactées par la radiothérapie. Suite à la situation dans laquelle vous vous trouvez, vous pourriez avoir une baisse de libido. Si vous bénéficiez aussi d’hormonothérapie, les érections disparaitront complètement au long du traitement.
Il est possible que vous ayez des érections « sèches » des mois, voire des années après la radiothérapie. La sensation orgasmique est normale, mais il n’y a plus d’éjaculation. Sur le long terme (généralement des années après la radiothérapie), les érections pourraient s’atténuer. 

Réactions émotionnelles 
La maladie peut entrainer des émotions intenses. Chaque patient et chaque membre de la famille a sa manière de traiter les évènements. Chaque personne réagit différemment. Si vous avez besoin de parler de vos émotions et inquiétudes, n’hésitez pas à aborder votre médecin traitant ou le personnel infirmier.